dimanche 25 janvier 2009

face à face avec moi-même

À mon retour de Val d'Isère, j'ai troqué l'équipement de ski, les vêtements d'hiver (que Marie aime tant) pour le matériel d'escalade, les fringues d'été et les lunettes de soleil. 1, 2, 3, go, je repars, ma prochaine destination est le sud de la France à Tautavel (commune française de 1000 habitants située dans la région Languedoc-Roussillon, à une heure des frontières espagnoles).

Petite anecdote bidonnnante, en me dirigeant vers le quai pour prendre le train, je constate qu'il a du retard, et avec joie, car j'ai une de ces envies spectaculaire qui me coupe le souffle. Petit délai opportuniste, donc je me dirige vers les toilettes publiques de la gare. Surprise!!! Il y a des tourniquets à l'entrée avec un mec qui attend les 50 centimes pour me laisser le droit de passage. Je ne respire plus, ça urge, ça urge pas à peu près, je n'ai pas le temps de niaiser avec ma petite monnaie cachée dans le fond de mon sac pour le payer. Il le voit dans mes yeux, mais refuse de me céder le passage. Sans aucune hésitation, je balance mes sacs à ses côtés et je saute par-dessus les barrières, je l'entends gueuler, je m'en fou, il n'y a plus rien qui compte, ma survie en dépend. AHHH!!! Que la vie est belle... Il était vraiment moin une...


La gare de Rivesaltes, à 20 minutes de Tautavel. Il est 13h30, mon professionnel de l'escalade n'est pas libre avant 17h00 pour venir me chercher. Je ne suis pas à Paris ici!!! Que faire??? Il fait beau, le soleil est radieux, je décide donc de m'installer face à l'astre du jour et de feuilleter quelques livres d'escalade pour tuer le temps.

La première fois que j'ai fait de l'escalade sportive extérieur en moulinette, c'était en 2004 en Thaïlande avec mon bon ami Gyslain Ferland. J'avais adoré mon expérience mais sans plus, par contre la beauté du paysage m'avait ébloui. En 2007, moi et Marie avions été initiés à St-Siméon dans Charlevoix mais encore là, je n'ai pas eu l'appel. L'année de fellow de ma blonde à Montréal (2007-2008) nous a fait découvrir l'escalade en salle, qui est toujours en moulinette, nous avons adoré l'expérience donc cet été, nous avons grimpé à l'extérieur à l'occasion. Belle sensation, je découvrais un nouveau sport qui est d'autant plus intéressant et utile car à mon boulot, nous sommes spécialisés en sauvetage en hauteur. Un de mes anciens collègues et ami à Sherbrooke (Jérémie Fredette) qui, aujourd'hui est à l'emploi de la ville de Montréal était supposé venir me visiter en sol européen. On avait planifié un voyage sportif, zen en escalade. De là mon idée d'aller suivre un stage avant sa venue pour peaufiner ma technique et devenir un premier de cordée. Malheureusement, des contraintes obligent Jérémie à décaler son voyage en automne 2009, juste avant notre retour au Québec. Ce n'est pas grave Jérémie, pour se reprendre, on ira dans un des endroits les plus fabuleux du monde, à Kalymnos dans les îles greques.

Donc, mon but ultime la semaine dernière était de passer de l'escalade sportive en moulinette en escalade sportive de premier de cordée. J'explique la différence pour une meilleure compréhension.

La moulinette: méthode la plus utilisée par les néophytes car lorsqu'il y a une chute, nous ne tombons pas réellement, nous restons en suspension dans le vide. Avant la grimpe, on installe la corde dans un relai en haut de la paroi. Donc, lorsque le grimpeur débute son ascension, la corde est amarrée de son harnais au relai en hautaur et du relai à l'assureur au sol (fer à cheval imagé). À chaque pas vertical du grimpeur, l'assureur avale (prend le mou de la corde) et met sous tension le grimpeur qui éprouve alors un sentiment de sécurité.



Ici, l'assureur est au sol, alerte, il tient le brin de gauche, prêt à toute éventualité pour bloquer la corde en cas de chute. Le grimpeur est à droite.

Le premier de cordée: La corde n'est pas reliée à un relai dans le haut de la falaise. L'objectif du grimpeur est d'amener la corde au relai en altitute et descendre sécuritairement en moulinette. Ce type d'escalade comporte un facteur de chute obligatoire pour pouvoir progresser.

Dans cette région, les voies sont équipées, c'est-à-dire qu'il y a des ancrages à chaque 2-3 mètres jusqu'au relai situé dans la crête.

Étape # 1

Allez poser une dégaine dans le premier piton,


Yes, première dégaine installée... Tout au long du parcours je devrai exécuter ce geste répétitif à chaque fois que je rencontrerai un ancrage pour minimiser le facteur de chute qui peut atteindre jusqu'a 7 mètres (22 pieds) dans le pire des cas.

Étape # 2

Maîtriser ses peurs et ses émotions, ne pas tomber et progresser pour atteindre le sommet.

Sur la photo ci-haut, je dois passer la corde dans la dégaine pour enfin minimiser le facteur de chute à presque nul pour un instant de soulagement.


Étape # 3

Au sommet, se vacher sur le relai, faufiler la corde de vie dans le maillon et redescendre en moulinette... Voici une explication sommaire du déroulement pour un premier de cordée.


Les deux premières journées se déroulent très bien, Arnaud, mon moniteur est un très bon pédagogue, il me fait grimper dans plusieurs voies différentes à des hauteurs standard de 20 mètres (60 pieds). Je me familiarise tranquillement avec cette nouvelle façon de croître verticalement (premier de cordée) qui m'amène des sentiments de peur, d'insécurité alimentés par des pensées devant une possibilité d'un vol plané. C'est incroyable, là est toute la différence entre une confiance inébranlable et un sentiment de sécurité éprouvé. Cependant, Arnaud en bon maître expérimenté a choisi pour débuter, des voies avec un niveau technique peu élevé avec de bonnes prises pour m'aggriper et je m'agrippais, croyez-moi...

Ma première grimpe en premier de cordée, ça y'est la glace est cassée...

Endroit serein...


J'aime ces moments à l'extérieur...

Nos journées finissaient vers 17h00, je retournais dans ma chambre d'hôte. Je prenais un bon bain chaud bien mérité, je mangeais, lecture et dodo...
Voici l'endroit ou je créchais, gîte très sympas, propre, des propriétaires en or... Des gens célèbres ont séjourné ici dont Hubert Reeves (astrophysicien de renommée internationnale) et sa petite famille et maintenant Monsieur Stéphane Marois (chômeur canadien).


Ce soir, plat gastronomique, des pâtes au thon avec de la sauce tomate (quel délice!!!)...


Arnaud, moi, Christian et Christiane...
Le centre-ville de Tautavel à la chute du jour, c'est calme...


Le musée de préhistoire de Tautavel est un endroit incontournable ici. Car, on retrouve La Caune de l'Arago, c'est un site préhistorique qui se trouve sur la commune. Les principaux niveaux archéologiques se trouvent dans l’ensemble III (niveaux de « sols » D à G) et auraient un âge compris entre 300 et 450 000 ans. Cet ensemble a également livré un certain nombre de restes humains fossiles attribués à l'homme de Tautavel. (merci wiki)



Chérie!! J'ai fait de la prospection pour toi. Le Docteur de la commune est sur le point de prendre sa retraite. Le poste est à combler, je crois sincèrement qu'avec tes 15 diplômes, 5-6 spécialisations, tu aurais des chances. Moi, ça me plairait, je pourrais grimper à tous les jours dans un cadre enchanteur. De plus, ma belle, ton horaire serait génial. Tu n'aurais plus besoin de faire 25 heures par jour et des gardes de 8 jours par semaine. WOW! On a toute une opportunité de vie qui se présente à nous...


Voici ton futur hôpital...


Malencontreusement, après avoir fait le tour de la commune en 2 minutes et quart, j'ai constaté
avec stupéfaction et tristesse qu'il n'y avait pas de service d'incendie permanent. Excuse-moi de t'avoir fait de fausse joie...

Je vous présente Arnaud mon formateur, il a 36 ans et grimpe depuis 20 ans. Passionné d'escalade, il décide de passer son brevet d'état il y a 5 ou 6 ans pour pouvoir gagner sa vie dans l'alpinisme et le canyonisme. C'est un fanatique de l'escalade et ça paraît, sa vie est consacrée à ce sport. Il s'est même construit un mur d'escalade intérieur chez-lui pour parfaire son art.
3ème journée, "nouveau spot", c'est le jour J pour moi mais je ne le sais pas encore... Cependant, je vais le découvrir assez rapidement après la prise de cette photo. Il a l'air de rire dans sa barbe ce Arnaud... il est au fait que je vais en baver un coup sur ce site techniquement plus difficile.


Ici, j'ai dû bifurquer à gauche de la fissure pour évoluer sur le mur.




Descente après un effort des plus soutenu...



Non, ce n'est pas moi, pas encore... mais ça viendra...



Arnaud et une de ses connaissances, un gendarme sauveteur en haute-montagne. Je les ai surpris en pleine conversation concernant un de leur ami commun qui était pisteur pour une station de ski décédé en décembre fracassé par une avalanche. Une histoire d'horreur...


Toujours pratique une trousse de premier soins (Pas trop de souçi, que des ampoules)...


Face à face avec moi-même, c'est ce que j'ai ressenti aujourd'hui, seul sur le rocher. Je suis épuisé et secoué. Plusieurs émotions ont émergé en moi. Au début: la peur, l'inconfort, le doute et à la fin de la journée: la fierté et la joie d'avoir maitrîser mon état intérieur. Je me suis battu avec moi-même toute la journée. Les prises étaient très petites, je n'avais pas grand marge de manoeuvre, le plus important dans ces cas-là, ce sont le positionnement des pieds qui assure l'équilibre du corps. Les doigts eux, assurent le point d'appui, on ne doit pas grimper avec les mains car l'épuisement arrive trop rapidement et on lâche prise (parfois c'est mieux, mais pas là). Je n'ai pas chuté, je n'en reviens pas, j'ai utilisé des prises que je ne croyais pas possible avec les encouragements d'Arnaud, il m'a fait vraiment repousser mes limites aujourd'hui. Parfois j'étais planté pendant 5 minutes à un endroit ne sachant pas par où passer pour progresser. Tout en respirant profondément, j'analysais chaque fissure, chaque endroit qui m'aiderait à monter et lorsque j'avais pris ma décision je montais et parfois avec hésitation, parfois avec conviction. Je me suis senti très vivant aujourd'hui. Bizarre mais j'ai aimé ma journée, j'en retire une grande satisfaction. Je ne veux pas me blesser ni mourir, je ne suis pas non plus masochiste. J'écoute mes limites et je respecte les règles de sécurité comme jamais. Seul dans le sud de la France, je n'étais pas là pour épater la galerie encore moins pour prouver des choses à quelqu'un. J'étais là tout simplement pour apprendre à me connaître davantage.

Pour la dernière journée, on fait une grande paroi, c'est-à-dire 80 mètres (262 pieds seulement). Ici, on y va par étapes. La corde n'est pas assez longue pour faire toute la hauteur de la paroi donc il faut faire périodiquement des relais pour remonter la corde et repartir de plus belle. Nous avons dû faire 2 relais avant de se rendre au sommet soit à 20 et 50 mètres. Pour cette grimpe, c'était Arnaud qui était en premier de cordée.







Relais à 20 mètres (65 pieds)
J'assure Arnaud pendand qu'il se dirige seul vers le 2eme relais à 50 mètres (164 pieds)...

2eme relais à 50 mètres (164 pieds) Surprise!!! Il avait un arbre...






Au loin, on peut aperçevoir le début des Pyrénées naissant de la Méditerranée...

Enfin!!! on atteind le sommet...


Pour Arnaud, c'est de la petite bière, c'était impressionnant de le voir aller avec fluidité. Par contre pour moi, ce fût une belle expérience moins énervant car j'étais le 2eme de cordée mais belle réalisation en raison de la hauteur...



Il faut faire le chemin inverse en descendant en rappel...






Voilà, la récompense...

J'en ai profité pour me prendre une maîtresse car ce jeudi soir je m'ennuie un peu. Ma pitoune s'appelle Sylvienne...


De retour vers Lyon en connexion à Montpellier. Ils ont des beaux tram là bas... Peace and Love man!

L'architecture des restaurants McDo est différente ici...


Vers la conquête...



Steph